Shireen   Kamran   est   une   artiste   de  renommée internationale. Née au Pakistan (1954), elle a vécu aux Émirats  Arabes  Unis  et  habite  maintenant  au  Québec avec sa famille depuis 1996. Elle se définit comme une citoyenne du monde.

C’est  dans  la  quarantaine, lors  de  son  arrivée  au Québec,  que  se  manifeste son désir, de devenir artiste-peintre professionnelle.  Elle s’inscrit  à  l’université  de Concordia  et  obtient  un baccalauréat en Arts.

En tant qu’artiste, elle éprouve l’urgence d’exposer ses créations.  Étant  femme  dans  la quarantaine  et immigrante, cela  n’a  jamais  été  un handicap  pour  elle. Elle a su, au contraire, en tirer profit avec détermination et  persévérance.  Tout  en  s’adaptant  rapidement  à  sa nouvelle vie au Québec, elle choisit, par le biais de son énergie  créatrice,  d’y  contribuer  selon  son  identité propre. Ses œuvres sont inspirées par son expérience en tant  qu’émigrante  et  par  son  côté  mystique,  issue  de diverses philosophies, dont le soufisme.

 

Ses toiles manifestent son sens de l’observation, le rappel du passé et sa fascination pour l’abstrait. Au cours de sa carrière, elle expose dans diverses maisons de la culture de  Montréal,  ainsi  que  dans  quelques  galeries canadiennes et à Karachi au Pakistan.

Voici quelques-unes de ses réflexions.

Comment la pandémie a-t-elle influencé votre travail d’artiste ?

Le  confinement  pendant  la  pandémie  a  eu  un  impact majeur sur tout le monde et de manière très différente. Pendant cette période d’isolement, j’ai réfléchi  à tant de choses, entre autres, à l’espace dans lequel je vis, à mon studio,  à  mon  environnement,  à  mes  routines,  à  la nécessité de communiquer et à une prise de conscience profonde de l’importance de la nature dans nos vies. En fin de compte,  j’ai consacré peu de temps à mon travail d’artiste pendant cette période.

Pouvez-vous nous dire comment l’âge vient enrichir vos œuvres ?

Le fait d’avoir un certain âge m’a amenée à établir des priorités. Je priorise la démarche créatrice ; il y a moins d’actions dans l’urgence et plus de temps consacré à la production. Les formes et les éléments qui apparaissent dans mes œuvres sont plus symboliques et la palette de couleurs est alignée aux couleurs de la nature. Enfin, j’ai décidé de faire un travail qui me reflète vraiment  en tant qu’artiste.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Suluk/Wandering #38 (Suluk/Errance #38) -2020.

Suluk est un terme dans la pensée politique et mystique islamique qui signifie voyager ou suivre sa route.

 

Œuvre    entièrement réalisée    à    partir d’objets  trouvés  dans mon atelier. J’ai voulu représenter   l’énergie nerveuse  qui  circule dans  le  tissu  social d’aujourd’hui.  Devant la   perspective   de l’effondrement  de  la société,  de  la  pénurie alimentaire,   de   la maladie  et  de  la  mort, les consommateurs ont trouvé la sécurité dans les  objets  les  plus banals comme    le rouleau de  papier hygiénique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

‘Much Ado About Nothing’  (15 x 5 po, 2020)

 

ALIDA PICCOLO
Vigie actualités
Gérophare, edition janvier 2021