Existe-t-il pour l’homme un bien plus précieux que la santé ? Cette interrogation de Socrate s’est toujours avérée incontestable. Qui n’a pas vécu à un moment de sa vie des ennuis de santé pour se rendre compte des effets perturbateurs de la maladie : les jours et les nuits en sont affectés, l’angoisse devient de plus en plus palpable et nous prenons alors conscience de la valeur primordiale de la santé physique et mentale, parce que, sans elle, projets et rêves ne peuvent être concrétisés aisément. Jamais acquis, le bien-être s’incarne dans les bonnes habitudes de vie.
Reconnaissons que, de nos jours, la maladie est devenue un rouage de l’économie. Médecins, infirmières, préposés aux malades, patients font partie d’une composante; elle fait fonctionner la machine économique sans oublier la construction et l’entretien de nombreux établissements. Que dire de l’industrie pharmaceutique, ogre dévorant maints budgets de santé, qui influence l’économie mondiale. Comme l’affirme si bien le psychiatre Thierry Janssen, basé sur l’invention de nouveaux traitements et la production de nouveaux remèdes, notre système de santé est devenu une véritable industrie de la maladie soumise aux impératifs de la croissance. Plus il y a de malades, plus cette industrie est florissante.
Mais la limite des dépenses en santé est atteinte; nous ne pouvons plus continuer à soutirer taxes et impôts aux contribuables, notamment au Québec, la province la plus endettée du Canada. Mettons un terme au cercle infernal des lourds impôts du citoyen et des dépenses folles du gouvernement. Notre système de santé fondé sur le nombre de malades pris en charge doit plutôt s’axer sur le nombre de personnes maintenues en santé. Utopique à bien des égards. Oui, peut-être, mais il faut songer à un grand virage lequel repose fondamentalement sur la prévention.
Oui, la prévention permet d’interroger nos habitudes de vie. Prenons l’exemple de la nutrition. Il n’est nullement exagéré de prétendre que 70 % des cas d’hospitalisation relèvent des mauvaises habitudes alimentaires. Si vous consommez trop de gras saturés, votre système cardiovasculaire risque fort de s’en ressentir : vous pourrez souffrir d’une obstruction des artères. L’excès de sucre raffiné, échelonné sur plusieurs années, peut conduire au diabète; les protéines animales, prises en trop grande quantité, mènent parfois à l’arthrite, à l’ostéoporose surtout chez la femme, et à l’insuffisance rénale. Les liens entre le cancer et une alimentation de piètre qualité sont indéniables.
La prévention serait-elle la solution souhaitable pour ralentir les dépenses gouvernementales dans le domaine de la santé? Nous le croyons.
ANDRÉ LEDOUX