Aussi paradoxale qu’elle puisse paraître, l’idée qu’on peut se faire de notre santé est en lien direct avec notre mieux-être. La perception de l’état de santé d’une personne est loin d’être sans danger. Mesure subjective en sociologie, cette perception touche la condition physique ou mentale et le degré de vitalité ressenti. Dans une monographie, publiée sous le titre La santé des hommes au Québec (1), les auteurs posent une question sur la perception qualitative de la santé. De façon générale, 89 % des Québécois voient leur état de santé comme excellent ; un faible 2,1 % l’estime mauvais. La perception masculine est en général meilleure que celle des femmes.
Entendons-nous bien, des malaises, des ennuis, des maladies font leur apparition avec l’âge. Il faut s’y ajuster ou trouver les moyens de les atténuer. Là aussi, l’attitude d’esprit peut jouer un grand rôle. La perception qu’on a de son état de santé importe plus que l’état de santé lui-même, dit un psychogériatre, le Dr Henry Olders. À conserver une attitude positive, une personne souffrant de maladies mineures ou même majeures peut encore mener une vie active et féconde. (2) Les spécialistes Robert Ornstein et David Sobel vont beaucoup plus loin quand ils écrivent :
Que pensez-vous de votre santé? Est-elle bonne ou mauvaise ? Vos idées à ce sujet paraissent bien plus déterminantes que l’évaluation objective de votre médecin. Les gens qui s’attendent à avoir une mauvaise santé finissent par se la fabriquer; ils meurent plus tôt et se montrent plus enclins à la maladie que ceux qui se considèrent en bonne santé. Les gens malades eux-mêmes s’en sortent mieux quand ils pensent que leur santé est bonne. Une étude majeure, sur une durée de sept ans, souligne que les gens qui s’estimaient fragiles risquaient de mourir trois fois plus au cours de cette période que les optimistes convaincus de leur grande forme. Même ceux qui, selon leurs médecins, avaient une mauvaise santé, survécurent en plus grand nombre, tant qu’ils étaient convaincus d’être bien portants. (3)
Se persuader qu’on a une bonne santé, sans verser dans l’exagération, devient plus fondamental lorsqu’on prend de l’âge. On ne le répétera jamais assez : la pensée positive comme l’effet placebo ont le pouvoir d’entretenir la santé et même d’influencer la guérison. Les aînés ne doivent surtout pas oublier cette vérité fondamentale, eux, qui, vieillissant, voient leur estime de soi se fragiliser : la perception négative de leur état de santé a tendance à s’accroître. Il faut par conséquent modifier son mode de pensée dans le sens de l’optimisme à l’égard de la santé. Combattons quelques mythes répandus :
- On devient fragile en vieillissant : l’exercice peut fortifier le corps à n’importe quel âge.
- On peut devenir handicapé à la suite d’une chute : encore là, l’activité physique éloigne parfois les dépendances physiques.
- Le cerveau fonctionne moins bien : les petits ennuis de mémoire sont normaux et si vous stimulez vos facultés mentales, elles déclineront plus lentement; l’ennemi de l’esprit, c’est la maladie et le manque de stimulation intellectuelle.
- La vie sexuelle cesse après 55 ans : 25 % des hommes et des femmes en bonne santé de 80 ans devraient jouir encore.
- Plus on vieillit, plus on est malade : une minorité d’hommes ressentent des ennuis graves de santé après 70 ans; selon Statistique Canada, 30,5 % des gens du troisième âge profiteraient d’une santé excellente ou très bonne.
Bannissons ces fausses idées sur la maladie après 50 ans; ayons plutôt une perception de santé positive, afin d’améliorer notre bien-être.
André Ledoux
Références
- Gilles TREMBLAY et autres, La santé des hommes au Québec, Québec, MSSS, 2005, p.115.
- Jeff BOYCZUK, La Psychologie du bonheur au soir de la vie, Conférence publique du Dr Henry Olders, bulletin Géronto-McGill, septembre 2001, p. 4.
- Robert ORNSTEIN, David SOBEL, Les Vertus du plaisir, Paris, Éd. Robert Laffont, Coll. Réponses Santé, 1992, p. 43.