Récemment, j’en étais à réfléchir sur le thème du vieillissement en me disant qu’il n y a pas que les vieux en somme qui vieillissent: vieillir ça touche tout le monde (même si certains trop occupés s’en rendent temporairement moins compte). Et comme disait Louis-Ferdinand Céline, auteur du livre
Voyage au bout de la nuit (1932) : «ce n’est peut-être que cela la jeunesse, de l’entrain à vieillir…! »
J’en étais à mes réflexions, moi qui suis au seuil de la retraite, lorsque j’ai pris connaissance d’un reportage pour le moins stupéfiant qui parlait d’une étude récente sur le sang «jeune» (1). Me voilà tout étonné à lire ce court texte qui posait clairement et sans détour la question plutôt sérieuse : Est-ce que le fait de transfuser du sang qui provient de jeunes humains à des personnes âgées pourrait retarder leur vieillissement?
Je savais déjà qu’on associait le sang au prolongement de la vie, mais de là à le transfuser ! Même si vivre jeune et plus longtemps fait partie de l’inconscient collectif et que la médecine fait des progrès remarquables, je m’interrogeais sur les vertus d’une telle hypothèse. Le reportage mentionnait notamment que des chercheurs ont montré que transférer du sang d’une souris à une autre (plus âgée) permettait de régénérer ou de restaurer certaines fonctions. Ces dernières offraient de meilleures performances aux tests de mémoire ou d’endurance que les cobayes qui n’avaient pas reçu de traitement et certains organes semblaient, par la même occasion, regagner de la force.
Des études sont rapidement devenues populaires, au point où une clinique en Californie a commencé à offrir des transfusions de sang «jeune» à des personnes plus âgées qui devaient payer jusqu’à 8 000$ par litre de transfusion ! Il faut dire que les Américains sont souvent les premiers à instaurer des tendances. Toutefois, la Food and Drug Administration (FDA) (2) fait une mise en garde contre cette «pratique» qui s’avère inutile et très dangereuse: Les transfusions de plasma peuvent sauver des vies, mais les traitements à base de plasma de jeunes donneurs n’ont pas été soumis aux tests rigoureux normalement requis pour confirmer l’avantage thérapeutique d’un produit et en garantir la sécurité. (2)
Et pensez-y: avec de telles avancées sans fondements suffisants, un important débat éthique s’imposerait. Si ce genre de technologie fonctionne, c’est bien, mais va-t-on se retrouver avec quelque chose de «payant», uniquement accessible aux mieux nantis? S’il y a une chose devant laquelle tous les humains sont égaux, c’est bien la mort !
Bref, vous l’aurez compris, à ce jour aucun bénéfice clinique n’a été prouvé. Et au lieu de nous laisser tenter par des promesses alléchantes, suivons pour l’instant les précieux conseils de la FDA… Faisons du sport, mangeons sainement et évitons les transfusions hors de prix et sans résultats !
[1] Radio-Canada, «Les années-lumière», Reportage: Renaud Manuguerra (4 mars 2018).
[2] Secrétariat américain (produits alimentaires et pharmaceutiques)
PIERRE FOURNIER
Vigie relations publiques et gestion de projets
Gérophare, édition janvier 2021