Être  handicapé,  c’est  le  propre  de  bien  des  êtres humains. Si un handicap est défini comme une limitation d’activité ou restriction de la participation à la vie en société subie par une personne en raison d’une altération d’une fonction ou d’un trouble de santé invalidant [1]  les réactions  adaptatives  des individus  atteints  sont  fort différentes. Certains accepteront leur sort sans broncher, d’autres  vont  simplement demander  de  l’aide  pour pallier leur handicap, d’autres  vont  très  mal réagir et sombrer  dans  la mésadaptation  sociale  et d’autres  enfin  deviendront résilients.

J’ai été séduit par la définition de la résilience de Marie Anaut, professeur de psychologie clinique et sciences de l’éducation  à  l’université  Lumière  Lyon-II. Voici  ce qu’elle écrit:
Chez le sujet humain, on peut définir la résilience comme la capacité de sortir vainqueur d’une épreuve qui aurait pu être traumatique avec une force renouvelée. Du point de  vue  psychologique,  la résilience  correspond  à un processus dynamique qui renvoie à deux mouvements: le ressaisissement  de  soi après un traumatisme  et  la construction  ou  le développement  normal en dépit des risques. [2]

En  un  mot,  après  un  choc,  la  personne  rebondit  pour s’adapter aux réalités quotidiennes. À   travers   le   monde,  artistes,    acteurs  ou  autres célébrités  ont  su  largement dépassé leur handicap. Cameron  Diaz  et  Julianne Moore  (ci-contre),  actrices américaines  affligées  d’un TOC,  trouble obsessionnel compulsif lié à la propreté, Stevie    Wonder,    Ray Charles  et  Andrea  Bocelli, malvoyants  et  chanteurs émérites,  Beethoven,  souffrant  de  surdité,  Peter Dinklage, acteur  atteint  de  nanisme,  Stephen  Hawking, maladie  de  Charcot,  paralysie,  devenu  un  brillant physicien.  Près  de  nous, Stéphane  Laporte  vivant  avec une difficulté de locomotion… Dominique Michel ayant eu une enfance très malheureuse. Le handicap, dans une perspective  de  résilience,  n’empêche  donc  pas  la réalisation des rêves et des ambitions.

Pour ma part, je suis familier avec la notion de handicap puisque  je  souffre  d’un  déficit  auditif diagnostiqué  à l’âge  de  20  ans.  Plusieurs  années  de  ma  carrière  dans l’enseignement  ont  été  pénibles  et  difficiles:  la malentendance  était  un  sujet  tabou  et,  aux  prises  avec une insécurité viscérale, je craignais perdre mon emploi. Heureusement, depuis quelques ans, je vis dans la paix et la tranquillité parce que les prothèses auditives se sont grandement  perfectionnées.  Oui,  je  me  suis  battu  une bonne  partie  de  mon  existence,    ne  sachant  point  ce qu’était la merveilleuse résilience qui a développé en moi la force de caractère! Rappelons-nous en terminant ce mot de Boris Cyrulnik: «Ceux  qui  ont  acquis  un  facteur  de  protection, reprendront facilement un processus de résilience».

ANDRÉ LEDOUX
Vigie qualité de vie / Longévité
GÉROPHARE, édition janvier 2021

[1] Google, Définition du handicap (Consulté le 28 novembre 2020).
[2] Anaut, Marie, «Résilience et personnes en situation de handicap», dans Reliance 2005/1 (no 15), p. 16.