Le neuropsychiatre Boris Cyrulnik, auteur de nombreux ouvrages, précise que la résilience fait référence à une forme  de  réaménagement  de  notre  monde  mental altéré par des pertes (2014: p. 9). Certes, au cours de notre  vie,  tous,  nous  éprouverons  diverses  pertes nécessitant de l’adaptation, voire à réaménager notre vie. C’est en lien à la perspective de perte, d’adaptation et de réaménagement  de  notre  vie  que  Cyrulnik  décrit  la personne  résiliente.  C’est  celle  qui  accepte  la  perte  et optimise  de  manière  compensatoire  ce  qui  fonctionne encore  bien  (Ibid.).  En  somme,  être  une  personne résiliente  nécessite  de  capitaliser  sur  le  positif  existant dans notre vie et de faire sens du traumatisme vécu. Bien sûr,  le  parcours  s’avérera  difficile,  mais  les  bienfaits escomptés se révéleront valables et précieux. D’ailleurs, en étant résilients, nous pouvons mieux vivre et profiter surtout des bons moments qui se présentent à nous.

Revenons  à  Cyrulnik,  qui  explique  qu’au  cours  du processus du vieillissement, la résilience prend diverses formes, comme devoir s’adapter à diverses pertes: des capacités acquises, des amis ou des relations sociales, de la vigueur physique, de la mémoire (Ibid., pp. 12-13). Mais, le neuropsychiatre  souligne  aussi  quelques  facteurs  qui aident à soutenir la résilience. Ce sont entre autres : les relations  affectives  (nos  proches),  l’engagement  social,  la spiritualité, la pratique de religion qui apporte du soutien, suscite des rencontres lors de rituels et aide à faire sens au malheur  vécu  (pp.14-15). Retenons,  comme le  précise Cyrulnick,  que  la  résilience  des  personnes  âgées s’oppose  au  préjugé  de  la  dégradation  inexorable.  Les pertes dues à l’âge sont aménageables et compensables grâce au tissage de nouveaux liens (Ibid., p.16).

En cette période de pandémie, bon nombre de personnes font appel à leurs mécanismes d’adaptation. La résilience se développe progressivement. Nous réaménageons notre style  de  vie.  Nous  nous adaptons  à  la  menace  d’être infectée  et  nous  restructurons  notre  monde  mental  en prenant en compte que cette période éprouvante ne sera pas éternelle. Tout a une fin! La pandémie aussi aura une fin et nous en ressortirons plus résilients.

CYRULNIK  Boris,  (2014),  Résilience  âgée?,  p.  7  à  17, dans, PLOTON L., CYRULNIK B. Résilience et personnes âgées (sous la  direction  de  Ploton,  L.,  Cyrulnik,  B.),  Éd.  Collection Psychologie, Paris: Odile Jacob, 293 p.

 

DIANE GINETTE BRÛLOTTE, PH. D.
Vigie bioéthique
GÉROPHARE, édition janvier 2021