Du bon usage des médicaments
Au grand âge, la prise de médicaments est souvent incontournable pour contribuer à l’équilibre de la santé des aînés et finalement à leur mieux-être. Il faut être toutefois bien prudent avec la prise de certains médicaments dangereux. Mikkel Borch-Jacobsen, Ph. D., écrit avec justesse : « Les médicaments sont des substances étonnantes, admirables, auxquelles nous devons depuis la fin du XIXe siècle de véritables miracles. Ils ont sauvé d’innombrables vies humaines et la médecine moderne ne serait pas ce qu’elle est sans eux. […] Or, les médicaments sont aussi des substances dangereuses, à manier avec précaution. Ces molécules chimiques peuvent toutes avoir des effets déplaisants, nous rendre malades ou même nous tuer18. » Dans La vérité sur les médicaments Borch-Jacobsen et son équipe de chercheurs montrent « comment l’industrie pharmaceutique joue avec notre santé ».
En fait, le problème majeur est la surmédication : des aînés peuvent prendre jusqu’à 15 ou 20 pilules différentes par jour, et au Canada, près de 50 % des personnes âgées consomment un médicament jugé comme possiblement inadapté. On peut ainsi comprendre l’importance que la communauté scientifique accorde au concept récent de la déprescription, cette façon « de cesser de prendre un médicament ou d’en réduire la dose lorsqu’il n’a plus d’effet bénéfique ou qu’il peut être nuisible. Il s’agit d’un processus planifié et supervisé19 ». La déprescription s’inscrit depuis quelques années dans un judicieux déroulement de la consommation de médicaments sur ordonnance médicale. La prise de médicaments, surtout chez les grands aînés, commande de plus en plus une réévaluation des besoins. La dose est-elle trop forte? Est-ce le bon médicament? Faut-il modifier la posologie? Le médicament demeure-t-il essentiel? Il faut donc se demander si le remède s’impose, pour favoriser une optimisation des médicaments.
Le Réseau canadien pour la déprescription est constitué d’un groupe de leaders du domaine de la santé, de cliniciens, d’instances gouvernementales, de défenseurs des droits des patients qui cherchent à informer la population sur un emploi sécuritaire des médicaments tout en préconisant la déprescription pour bannir les médicaments dangereux, aux effets nocifs. Le Réseau travaille de concert avec le grand public et les professionnels de la santé pour modifier les perceptions relatives à la prise de médicaments. Le Réseau n’entretient aucun lien avec l’industrie pharmaceutique. La déprescription est un pilier pour assurer le mieux-être des grands âgés.
Auteur : André Ledoux (auteur et conférencier)