La qualité de vie

Il est bien pénible de vivre très vieux dans des conditions de santé défaillante ou les difficultés financières. Quand sonne l’heure du grand âge, la longévité étant assurée, la qualité de vie se révèle d’une importance primordiale; l’on doit éprouver le plaisir de vivre et profiter le plus possible des nourritures terrestres, pour reprendre les mots de l’écrivain André Gide. Encore là, la qualité de vie constitue une autre dimension du mieux-être.

L’OMS a défini, en 1994, la qualité de vie de la manière suivante : « La perception qu’a un individu de sa place dans l’existence, dans le contexte de la culture et du système de valeurs dans lequel il vit, en relation avec ses objectifs, ses attentes, ses normes et ses inquiétudes. Il s’agit d’un large champ conceptuel, englobant de manière complexe la santé physique de la personne, son état psychologique, son niveau d’indépendance, ses relations sociales, ses croyances personnelles et sa relation avec les spécificités de son environnement15. »

D’autres aspects peuvent s’imbriquer avec cette définition comme l’image de soi, la spiritualité, l’environnement et l’engagement social. D’évidence, la satisfaction de vie ne tient pas seulement à des facteurs de santé; elle représente une complexité certaine et suppose une évaluation multidimensionnelle basée sur des paramètres normatifs, selon les propos de Jean- Claude Henrard et Joël Ankri, publiés dans leur ouvrage, Vieillissement, grand âge et santé publique.

Pour ces auteurs, quatre secteurs d’évaluation demeurent nécessaires :

    • Le comportement ou le fonctionnement de l’individu : le comportement représente l’évaluation socio-normative du fonctionnement de l’individu en termes de santé, de cognition, d’utilisation du temps et de dimension sociale.
    • La perception de la qualité de vie : la perception de l’individu est en fait l’évaluation subjective de son fonctionnement.
    • L’environnement objectif : son évaluation permet d’apprécier son influence sur le comportement. La qualité de l’eau et de l’air peut par exemple retentir sur la santé biologique, l’accès physique à l’habitat peut expliquer la mobilité, la richesse, etc.
  • Le bien-être psychologique : le niveau de fonctionnement et la perception par l’individu de sa qualité de vie sont pondérés par son bien-être psychologique. Intervient donc la santé mentale (dépression par exemple) et sa satisfaction de la vie 16.

On aura observé une interrelation évidente entre ces quatre aspects, ce qui complexifie, encore une fois, les jugements portés sur la qualité de vie. Il en ressort tout de même toute la description de bien-être psychologique qui émane du concept.

Pour sa part, Ginette Brûlotte, Ph. D., spécialisée en bioéthique, a entrepris des recherches doctorales17 sur la qualité de vie auprès de 35 personnes âgées de 65 à 95 ans, vivant à domicile avec des incapacités. Les résultats de cette étude ont été comparés à ceux de deux études qualitatives semblables, menées en Grande-Bretagne et en France, en vue de définir la qualité de vie (QdV) des personnes âgées. Les termes employés par les participants des trois pays pour définir la QdV concordent, démontrant que les préoccupations et les priorités des personnes âgées se ressemblent malgré les lieux géographiques différents.

Lors d’entretiens, ces participants se sont exprimés sur le concept pour le définir à l’aide de huit groupes de mots :

  1. Autonomie, santé;
  2. Relations sociales, s’occuper;
  3. Être bien entouré : famille, amis;
  4. Adaptation, acceptation, limites connues;
  5. Moyens : services, argent;
  6. Domicile;
    Amour, bonheur, spiritualité;
    Sécurité.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que cette étude présente une définition presque exhaustive de la QdV. Ces éléments pourraient s’appliquer aisément à la conception de la QdV des personnes du grand âge pour illustrer, dans toutes ses dimensions, le mieux-être dont elles pourraient jouir dans leur quotidien.

Auteur : André Ledoux, Vivre en meilleure santé : Prévention, bien-être et sérénité (2018)