Se méfier de la médecine anxiogène

La médecine contemporaine rend de fiers services à la société, c’est un truisme de l’affirmer. Mais, pour toutes sortes de raisons, les médecins d’aujourd’hui ont de plus en plus recours aux examens et aux tests pour établir leur diagnostic.

Première source d’inquiétude pour le patient : si vous devez passer un électrocardiogramme à la suite d’une hypertension artérielle, vous vous poserez certes des questions : pourquoi le coeur est-il défaillant?

Est-ce de l’insuffisance cardiaque? Suis-je menacé d’un infarctus?
Voilà comment cette investigation peut devenir stressante.

Si votre médecin de famille est généralement inquiet et souffre quelque peu d’anxiété, il est possible qu’il transpose ses sentiments à ses patients.
D’où ces propos pertinents de la part de la directrice de la rédaction de Santé Magazine, en France :

« Selon une série de publications parue dans le Lancet en mars 2018, la médecine génère trop de soins de santé à mauvais escient. Les auteurs alertent sur le fait que 540 millions de personnes dans le monde souffrent de lombalgie et qu’elles sont mal prises en charge. Ils dénoncent les mauvaises pratiques de la médecine qui continue à prescrire beaucoup trop d’examens complémentaires au mieux inutiles, au pire néfastes, car anxiogènes et promoteurs de traitements inefficaces. Il n’est pas toujours facile, il est vrai, de résister à la pression inquiète de patients, notamment à cause du principe de précaution, et aussi pour se couvrir au cas où. […] Le fait que les médecins semblent chercher davantage à se décharger d’une responsabilité et d’une angoisse personnelle qu’à soigner véritablement n’explique qu’en partie pourquoi les patients lombalgiques sont si peu soulagés23. »

Le recul, la clairvoyance et la prise en main de sa santé sont des balises protectrices contre la médecine anxiogène.

Auteur : André Ledoux, Stratégies pour mieux avancer en âge et garder l’esprit alerte (2022)